Movember #1: La virilité, cette abstraction qu’il faut posséder.

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Movember #1: La virilité, cette abstraction qu’il faut posséder.

Dans le cadre de la campagne Movember, dont l’objectif est de sensibiliser aux problématiques de santé masculines, Stop Suicide va, chaque semaine, explorer quelques pistes de réflexions concernant la souffrance de certains hommes et tenter de comprendre pourquoi, selon les statistiques, ils se suicident deux fois plus que les femmes. Premier épisode aujourd’hui dans lequel nous allons tenter d’introduire cette notion de virilité, si ancrée dans notre société et pourtant bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Par Thibault Gilgen

Interrogée sur La Première le 30 octobre dernier, Séverine Cesalli, vice-Présidente de l’association Donna2 et pédopsychiatre à Martigny, explique  que l’éducation genrée favorise un comportement différent pour chaque sexe. Dès la garderie, on dit généralement « comme tu es jolie aujourd’hui » à une petite fille, alors que l’on dira plutôt à un garçon « quel beau bricolage tu as fait aujourd’hui ». On favorise ainsi vite l’action et l’initiative chez les garçons alors que des attributs en lien avec la beauté, l’image et ce qui deviendra plus tard la séduction sont mis en avant chez les filles. Toujours selon Séverine Cesalli, cela engendre trop souvent un clivage. L’homme prend l’initiative, la femme est passive. Cela est malheureusement considéré comme normal dans notre société. Il s’agit peut-être de l’une des raisons qui explique le comportement masculin dénoncé actuellement en masse via le hashtag me too ou balance ton porc. L’homme se sent en droit de prendre l’initiative, la femme n’a qu’à bien se tenir. Cela est certes très schématique mais démontre une certaine forme de domination masculine tacitement admise, du moins jusqu’à l’explosion du scandale Weinstein.

Si les combats pour l’égalité n’ont pas attendu l’aide d’Hollywood pour être intensifs, la société dans son ensemble peine à reconnaître qu’un homme puisse être passif et laisser la femme être active. On admet volontiers que la femme peut aussi être active au XXIe siècle (bien que cela soit encore difficile), mais on ne tolère pas forcément pour autant qu’un homme soit passif.

Qu’en est-il alors pour ces hommes qui ne se sentent pas en phase avec ces carcans de virilité qui leurs sont imposés ? Un homme « non viril », dans le sens où il ne prend pas forcément l’initiative, des décisions, dans son travail ou dans son couple, peut-il être considéré comme faible ? La réponse est évidemment non. C’est pourtant ce qui fait souffrir de nombreux hommes qui se retrouvent, pour une raison ou une autre, hors du cadre imposé. Pour Séverine Cesalli, tout est une question d’équilibre. Il faudrait dès lors prêter attention à complimenter aussi parfois le garçon pour sa beauté et la fille pour la réussite de son bricolage du jour.

Cette intervention dans La Première sert de base à l’introduction de cette problématique que nous traiterons sous différentes formes sur les réseaux sociaux. Si quelques éclairages pourront être apportés, il s’agira surtout d’ouvrir le débat et de comprendre les pressions qui peuvent développer des pensées suicidaires chez les hommes. En attendant, écoutez l’intervention complète de Séverine Cesalli ici.

 

 

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